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Au-delà de nos handicaps : sur le chemin de l’acceptation de soi

Publié le 28 mai 2021
Au-delà de nos handicaps propose aux soldats blessés un programme qui sort des sentiers battus pour les aider à retrouver le chemin de l’autonomie et de l’acceptation de soi. Entretien avec Geoffrey Demouliez, président de l’association.

" Quelle est l’originalité du parcours proposé par Au-delà de nos handicaps ?

Nous proposons une approche alternative mais complémentaire à l’hospitalisation et aux consultations psychiatriques traditionnelles. Nous sommes convaincus que, dans certaines situations, échanger avec des personnes qui ont vécu les mêmes choses que soi et qui rencontrent les mêmes difficultés peut s’avérer aussi efficace qu’une prise en charge classique. 

" Concrètement, comment accompagnez-vous les blessés de guerre ?

Nous essayons au maximum de sortir nos bénéficiaires de leur « zone de confort ». Privés de leurs repères, ils doivent puiser dans leurs ressources pour s’adapter à leur nouvel environnement.

Lors des stages de pleine nature par exemple, nous organisons des activités qu’ils n’auraient jamais pensé pouvoir pratiquer : raid dans le Mercantour, ski adapté, parapente… Au fil de la semaine, les participants prennent conscience de leurs capacités à s’adapter face à la blessure physique, ils s’entraident, discutent de leurs difficultés communes. Une dynamique de groupe se créée qui permet à chacun de prendre du recul sur sa situation.

Privés de leurs repères, nos bénéficiaires doivent puiser dans leurs ressources pour s’adapter à leur nouvel environnement. »

" Vous proposez également des stages de gestion des émotions ?

Oui. Ils s’adressent aux blessés atteints de syndrome post-traumatique. Là, ils acquièrent des techniques pour s’apaiser grâce à la sophrologie, à l’acupuncture, au yoga… Ils ont l’opportunité de participer à des activités qu’ils ne connaissent pas telles que la sculpture, le dessin, la plongée. Ils mobilisent d’autres facultés cognitives, découvrent de nouveaux savoir-faire. C’est important pour les aider à se reconstruire psychologiquement.

Enfin, nous mettons notre réseau à la disposition de tous nos bénéficiaires. Recherche d’emploi, demande de reconversion, adaptation de leur logement, démarches administratives… Quel que soit leur besoin, nous les mettons en relation avec des associations et des professionnels compétents.

En résumé, nous accompagnons nos bénéficiaires sur le chemin de l’acceptation de soi et de l’autonomie jusqu’à ce qu’ils soient prêts à voler de leurs propres ailes. 

" Comment les bénéficiaires réagissent-ils au programme ?

Tout dépend vraiment de la situation de la personne. Certains ont besoin de plusieurs stages, d’un véritable soutien. D’autres ont simplement besoin d’échanger avec des combattants qui ont vécu les mêmes choses qu’eux et sont rassurés après un seul stage. Beaucoup d’anciens bénéficiaires deviennent des bénévoles pour rendre tout ce que l’association a pu leur apporter. Leur engagement est vraiment précieux pour nous.

" Comment gardez-vous le lien en cette période de crise sanitaire ?

En 2020, nous avons été contraints d’annuler ou de reporter la majorité de nos stages à cause de la Covid-19. Encore aujourd’hui, nous multiplions les appels et les mails pour garder le contact. En parallèle, les échanges sur WhatsApp et sur les réseaux sociaux fonctionnent à plein régime. En effet, nos bénéficiaires sont assez jeunes. Ils maîtrisent ces outils à la perfection. À chaque stage, les participants créent un groupe sur WhatsApp. En général, les bénévoles de l’association interviennent peu sur ce canal pour laisser toute sa place à l’entraide et au partage d’expérience. 

Les conjoint(e)s de nos bénéficiaires sont des victimes collatérales de la guerre. »

" Quels sont vos projets pour 2021 ?

Si le contexte sanitaire le permet, nous reprogrammerons certains stages de pleine nature prévus en 2020 : ski adapté, tir sportif, parapente... En juin, nous aimerions expérimenter un nouveau type de stage destiné aux conjoint(e)s de nos bénéficiaires. Il nous a semblé essentiel de leur consacrer un programme car nous les considérons comme des victimes collatérales de la guerre.
Pendant une semaine, ils pourront s’échapper de leur quotidien, parfois très compliqué, se relaxer et prendre soin d’eux. En deux mots : lâcher prise ! Ils auront l’occasion d’échanger avec d’anciens blessés pour essayer de comprendre ce que traverse leur conjoint et trouver le moyen de renouer le dialogue au sein de leur couple.  

" En quoi le soutien de mécènes tels que la Fondation Carac est-il important ?

Les bénéficiaires ne participent pas au frais de gestion et d’organisation des stages. C’est un principe. Mais l’hébergement, le transport, la logistique sur place… tout cela a un coût. C’est là que nos mécènes interviennent. Grâce à eux, nous pouvons organiser plusieurs séjours sur l’année. Par exemple, en 2020, la Fondation Carac a subventionné le stage de gestion des émotions qui s’est tenu à Saint-Honorat (une île au large de Cannes – 06). 

Sortir de la blessure en sortant des sentiers battus. Telle est la devise de l’association ADH, créée en 2016 par le général de division de l’armée de terre en 2e section des officiers généraux, Georges Lebel. Reconnue d’utilité publique, ADH s’adresse aux trois corps d’armée, aux personnels du ministère de l’Intérieur et, dans le cadre de partenariats, à certaines associations dans le domaine du handicap. 

Geoffrey Demouliez, président de l’association Au-delà de nos handicaps

président de l’association ADH depuis juin 2018 

président de l’association ADH depuis juin 2018 

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